AccueilRessourcesEclairagesRévélations : Ce que contient le « projet de déclaration » de la Conférence de Paris sur le Proche-Orient

Révélations : Ce que contient le « projet de déclaration » de la Conférence de Paris sur le Proche-Orient

Une ébauche de texte rédigée par le Quai d’Orsay n’apporte aucune idée nouvelle et rejette les torts sur Israël.

C’est un document exclusif qui vient d’être publié sur le site du quotidien israélien Haaretz et que InfoEquitable porte à la connaissance de ses lecteurs. Il formule les principes – déjà arrêtés – de la Conférence internationale sur le Proche-Orient qui se tient ce dimanche à Paris, à l’initiative de la France, et en annonce donc déjà les futures conclusions.

Une première version du texte – en anglais – a été présentée la semaine dernière, vendredi 6 janvier, par le diplomate français Pierre Vimont aux 70 représentants des pays occidentaux et arabes qui participeront à la conférence.

Ce projet de « communiqué de synthèse »  a été discuté et amendé par les participants.  Après avoir noté les commentaires, Pierre Vimont a rédigé une nouvelle version (ci joint en pdf).

Deux nouvelles réunions ont été fixées pour peaufiner encore ce projet de déclaration finale. Des discussions sont également prévues entre les différents ministres des Affaires étrangères présents à la conférence, mais de l’avis des experts, le texte ne devrait pas connaître de modification notable.

Sa lecture permet d’ores et déjà de constater que :

  • Aucune proposition ni idée nouvelles capables de faire progresser la paix entre Israéliens et Palestiniens ne seront formulées à l’issue de la Conférence de Paris.
  • En revanche, les conclusions qui reprennent de vieilles formules cent fois entendues constituent par avance une condamnation d’Israël, désigné pour l’essentiel comme seul responsable du blocage du processus de paix.

 

Voici les principaux points de la déclaration :

1) La Conférence devrait appeler le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président palestinien Mahmoud Abbas à renouveler publiquement leur engagement en faveur de la solution des deux Etats.

Elle leur demande de désavouer les membres de leurs gouvernements respectifs qui s’opposent à cette solution.

En privé, des diplomates français ont expliqué que cette formule très générale vise à la fois des ministres israéliens « comme Naftali Bennett » (expressément cité par les diplomates), qui a exprimé ses doutes sur la viabilité d’une telle solution et des hauts fonctionnaires de l’Autorité palestinienne et du Fatah qui ont incité à la violence contre Israël.

2) Les pays participants déclareront qu’ils ne reconnaîtront aucune modification aux frontières du 4 juin 1967, y compris à Jérusalem (à l’exception des changements que les deux parties pourraient convenir pendant les négociations).

Cette formulation refuse une légitimité de principe d’une présence israélienne à Jérusalem, y compris dans les quartiers et les lieux saints juifs de la vieille ville. Selon le texte, seule l’issue d’une négociation à venir pourrait fonder le droit des Israéliens sur ce secteur juif.     

3) Les pays participants s’engagent à distinguer, dans toutes leurs actions, entre les territoires de l’Etat d’Israël et les implantations dans les territoires occupés par Israël en 1967.

Ce point, très inquiétant, incite l’ensemble des Etats à considérer comme « illégaux » tous produits, services, sociétés commerciales, entités et même personnes privées provenant des « territoires occupés », c’est à dire la Judée-Samarie, le Golan, et Jérusalem-est. Il est susceptible de constituer un fondement légal à tout type d’actions de boycott anti-israélien.

4) Le projet de texte indique que les participants à la conférence « se félicitent de l’adoption » de la résolution 2334 du Conseil de sécurité des Nations unies du 23 décembre, « qui a clairement condamné les activités de colonisation et l’incitation à la violence ».

La Conférence de Paris fait sienne le texte de la résolution 2334 votée le mois dernier au Conseil de sécurité et qui considère que la « colonisation » israélienne est la cause principale du blocage du processus de paix. C’est en fait la thèse défendue par la propagande palestinienne. 

 

Pour le reste, ce projet de déclaration finale n’émet que des voeux pieux et des formules générales :

  • Il appelle les parties « à démontrer par des politiques et des actions leur engagement pour une solution à deux Etats et à un retour à des négociations directes. » Certes, ce dernier point mentionne les négociations directes prônées depuis des années par Israël et refusées par les Palestiniens. Mais les principaux points de la déclaration établissent une mise en accusation d’Israël qui exonère par avance les Palestiniens de leur refus de revenir à la table des négociations.
  • Il leur demande s’abstenir de prendre des mesures unilatérales qui préjugent l’issue des négociations sur le statut final.
  • Il rappelle que « la solution négociée avec deux Etats, Israël et la Palestine, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, est le seul moyen de parvenir à une paix durable. »
  • Il réclame des « mesures urgentes »… etc.

Le texte promet pour l’avenir des mesures censées favoriser le processus de paix

  • Des incitations économiques : l’Union européenne offre aux deux parties d’améliorer leur statut en « partenariat privilégié spécial » et d’encourager les investissements du secteur privé;
  • Un « appui concret à la construction d’institutions étatiques palestiniennes » de la part de la communauté internationale.

… Sans oublier les mesures gadgets :

  • « Convocation d’un forum des organisations de la société civile israélienne et palestinienne, afin de réactiver la discussion publique de la solution des deux États »

 

La déclaration finale décerne aussi un satisfecit à l’ensemble des États arabes pour leur rôle dans le processus de paix israélo-palestinien.

Les pays participants estiment que « l’Initiative de paix arabe est toujours valable et croient en son potentiel pour promouvoir la stabilité régionale. » Le projet encourage également une coopération plus étroite entre les États arabes et le Quatuor pour le Moyen-Orient (États-Unis, Russie, Nations Unies et UE) pour faire avancer le processus de paix.

 

Conclusion

Depuis plusieurs mois Israël a signifié son opposition à cette conférence et refuse d’y participer. La révélation de ce projet de « déclaration finale » confirme amplement si besoin en était les craintes du gouvernement israélien que cette réunion internationale ne soit que le prétexte à un jugement rédigé d’avance contre l’Etat juif.

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Image : capture d’écran Youtube – AFP

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