AccueilVeille médiasAmbassadeur de Trump en Israël : l’AFP s’en remet à l’avis de J Street

Ambassadeur de Trump en Israël : l’AFP s’en remet à l’avis de J Street

Donald Trump a promis lors de sa campagne de déplacer, s’il était élu, l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem. David Friedman, l’ambassadeur qu’il vient de proposer pour représenter les Etats-Unis en Israël, est un avocat juif orthodoxe situé sur une ligne politique plus à droite que l’actuel gouvernement israélien, partisan notamment de l’annexion par Israël de parties au moins de la Judée-Samarie. Friedman ne fait pas mystère de son vÅ“u de travailler « depuis l’ambassade américaine dans la capitale éternelle d’Israël, Jérusalem. »

Symboliquement, le déplacement de l’ambassade équivaudrait pour la première puissance mondiale à reconnaître que Jérusalem est bien la capitale d’Israël.

Ce projet dérange tous ceux qui veulent à tout prix empêcher une pleine souveraineté juive sur la ville qui constitue le centre historique et spirituel du peuple juif.

La première réaction de l’Agence France-Presse a été un article insistant sur le fait que « Washington, ainsi que la majorité de la communauté internationale, ne reconnaît pas Jérusalem comme la capitale d’Israël et maintient son ambassade à Tel-Aviv. »

Sous Obama, c’est exact, mais sous Trump, cela pourrait changer ; et ce n’est pas parce que « la majorité de la communauté internationale » a une position qu’elle est forcément juste et immuable.

Tout pays est libre de choisir sa capitale et celle-ci se situe normalement dans la ville qui abrite ses institutions politiques. Le gouvernement et le parlement d’Israël siègent à Jérusalem (de surcroît dans la partie occidentale de la ville sur laquelle la souveraineté d’Israël est pleinement reconnue par les Etats-Unis et la majorité de la communauté internationale) et le choix israélien de faire de Jérusalem la capitale ne dépend pas de la reconnaissance internationale.

L’article de l’AFP comporte un seul intertitre : « Un choix ‘irresponsable’ ». Une appréciation reprise du président de J Street, Jeremy Ben Ami, qui a qualifié la décision de « reckless ».

L’AFP décrit J Street comme « association progressiste américaine ». Comme personne n’est contre le progrès, le lecteur est invité à s’aligner sur cette opinion.

Or J Street est une organisation de lobbying qui, comme l’AFP le fait constamment, prône la solution à deux états et la fin de la « colonisation » ; l’organisation financée en partie par George Soros a également soutenu l’accord avec l’Iran sur le nucléaire, alors même que ce pays n’a jamais cessé de proférer ses intentions génocidaires à l’égard d’Israël et sème le chaos au Moyen-Orient. Elle dit s’opposer au boycott d’Israël (BDS)… mais précise sur son site ne pas s’opposer aux initiatives de BDS qui « se concentrent uniquement sur les territoires occupés derrière la Ligne verte ». En d’autres termes, J Street trouve parfaitement acceptables les récentes initiatives de l’Union européenne et de la France pour étiqueter les produits israéliens fabriqués dans les territoires disputés. L’AFP relaie la définition de J Street qui se dit « pro-Israël et pour la paix », mais nombre de partisans d’Israël la perçoivent au contraire comme hostile à Israël sous couvert d’être une organisation juive.

L’AFP n’est pas la seule à avoir donné une grande place à l’appréciation de Ben Ami. La revue de presse de J Street montre que ses paroles ont été répercutées par la plupart des grands médias internationaux, à commencer par les agences concurrentes (Reuters, Associated Press) et des chaînes comme CNN  ou CBS (CBS rapporte par ailleurs que l’imam de la mosquée d’Al-Aqsa à Jérusalem a affirmé que déplacer l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem constituerait une déclaration de guerre : le genre de déclarations qui, si les médias français la publiaient, risqueraient d’effriter le capital sympathie des Palestiniens !).

En tout état de cause, J Street représente un point de vue politique opposé au nouveau nominé mais il en existe bien d’autres. Pourquoi ne présenter que celui-ci ? Dire ce que pensent les opposants à cette nomination peut se justifier, mais – à moins que toute l’Amérique pense comme J Street ? – un journalisme équilibré aurait demandé de présenter aussi un point de vue plus favorable.

Reste que l’AFP a au moins cité le communiqué de Donald Trump promettant de « faire avancer la paix dans la région. »

Le Monde, lui, a choisi de reprendre la dépêche de l’AFP en supprimant tous les passages citant Trump mais sans rien retirer de la critique de J Street. Et le quotidien a concocté un titre avec des guillemets lourds de sens :

Israël : l’ambassadeur nommé par Trump veut s’installer dans la « capitale » Jérusalem

Le Monde se dissocie donc d’une éventuelle reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël. Il garde néanmoins le paragraphe de clôture de l’article de l’AFP :

Israël occupe Jérusalem-Est depuis 1967 et a proclamé tout Jérusalem comme sa capitale indivisible en 1980. Les Palestiniens veulent faire de Jérusalem-Est la capitale de l’Etat auquel ils aspirent.

L’AFP et les nombreux médias qui répercutent ses dépêches ne sont donc pas prêts à accepter qu’Israël qui, rappelons-le, a conquis Jérusalem en 1967 dans une guerre défensive déclenchée par les états arabes faisant suite à 19 ans d’occupation jordanienne de la ville, soit souverain chez lui.

L’article, dont le sujet est la capitale de l’Etat juif, se termine par une phrase sur l’aspiration des Palestiniens à faire de Jérusalem-Est la capitale de leur Etat – même si jamais un Etat arabe, et encore moins un Etat palestinien qui n’a existé à aucune époque, n’a fait de Jérusalem sa capitale.

Ce n’est pas conforme à l’histoire de la région, mais c’est cohérent avec l’idéologie de J Street.

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